De la Porte Maillot à la Seine. Ex-avenue de Neuilly, ex-avenue de la République.
Ancienne voie royale, elle avait été tracée sur l'ordre du marquis de Marigny par l'architecte Jacques-Ange Gabriel, mais s'arrêtait à la propriété du mari complaisant de la marquise de Pompadour, Le Normant d'Étioles, qui sera démolie au moment de la construction du pont de pierre et elle allait du palais des Tuileries au pont que construisit l'ingénieur Perronet en 1772, conduisant à Saint-Germain-en-Laye. Cette voie fut dénommée successivement chemin du Cours, rue de Seine, avenue de Neuilly, voie impériale, et de 1848 à 1852 avenue de la République. Elle se trouve au début de la route nationale 13 menant de Paris à Cherbourg. La délibération du conseil municipal, sous la présidence de Maxence Van der Meersch, dans sa séance du 3 décembre 1944, décida le changement de nom d'un certain nombre de voies de Neuilly, et en particulier celui de l'avenue de Neuilly qui devait devenir avenue du Général de Gaulle, puis avenue de Gaulle, avant de recevoir l'attribution définitive actuelle, en 1971. C'est la principale voie d'accès, par l'ouest de Paris, avec environ 25 000 véhicules par jour. C'est l'artère la plus longue de Neuilly (2 kilomètres). Lorsqu'en 1980 fut ouvert l'accès du périphérique, en tranchée, sur cette avenue, il amputa la place de Verdun, qui coupait la rue Montrosier et ne permit plus l'accès direct de ces deux portions. En 1992, la mise en passage souterrain sur son extrémité, vers le pont de Neuilly, a permis de diminuer les nuisances pour les immeubles riverains, sur environ 500 mètres. Au budget pour l'année 2001, il été prévu que le conseil régional prépare une nouvelle étude de faisabilité entre la porte Maillot et ce premier tronçon souterrain. Elle est bordée de contre-allées, séparées de l'axe principal par de larges trottoirs plantés de platanes, et de plus en plus utilisés pour le stationnement des véhicules.
La route, puis l'avenue, de Neuilly commençait au rond-point des Champs-Élysées, grimpait le long de la colline de l'Étoile-de-Chaillot, redescendait vers la plaine des Sablons, pour arriver à la Seine, vers le pont édifié par Perronet. D'abord en sable, puis en gravier, le chemin devenu route fut pavé dès 1778, selon l'esprit moderniste du roi Louis XVI, qui avait confié à l'ingénieur Jean-Rodolphe Perronet le soin de le faire paver, de bout en bout, tout en abaissant la butte de l'Étoile d'environ 5 mètres. Cette large chaussée fut alors plantée de deux rangées de tilleuls et elle longeait la plaine de Chaillot d'une part et celle des Sablons d'autre part. Ce fut, en effet, la voie utilisée par les multiples passages des cortèges royaux, puis impériaux, qui se dirigèrent vers Saint-Germain ou Rueil-Malmaison. Fêtes et réjouissances s'y déroulèrent, ainsi que des courses de chevaux en 1775-1776, sur cette grande artère toute droite, ainsi que de brillantes revues militaires de gardes français et de gardes suisses, casernés à Courbevoie. Champ d'expérimentation de Parmentier en 1786, puis l'École de Mars y plantera ses tentes vers 1794 et Joachim Murat viendra y prendre les canons pour mitrailler les ennemis de la Convention. Par là passèrent également les soldats prussiens et badois en 1814, anglais en 1815, les émeutiers en 1848 et les uhlans en 1870.
Charles de Gaulle est né, le 22 novembre 1890, à Lille. Après des études secondaires chez les jésuites, il entre en 1910 à l'École militaire à Saint-Cyr. Promu lieutenant, le 1 er octobre 1913, il est blessé à trois reprises durant la Première Guerre mondiale. Fait prisonnier, le 2 mars 1916, à Verdun, il tente quatre fois de s'évader. Rentré en France après l'armistice, il va devenir professeur à l'École de guerre polonaise, puis chargé d'un cours d'histoire militaire à Saint-Cyr. Il étudie et développe sa théorie sur la technique moderne du combat par l'emploi d'engins blindés en combinaison avec l'aviation et l'infanterie. Le 6 avril 1921, il épouse Yvonne Vendroux. Leur fils, Philippe, aura pour parrain le maréchal Philippe Pétain, et deviendra amiral. En 1922, il entre à l'École supérieure de guerre, où il prononce un certain nombre de conférences et est promu au grade de chef de bataillon, affecté à l'armée du Rhin à Mayence. En 1929, il est à la tête de l'armée du Levant, à Beyrouth. De retour à Paris, il publie, en 1932, Au Fil de l'Épée. En 1933, il est lieutenant-colonel, et écrit, en 1934, un livre qui aura un certain retentissement Vers l'armée de métier. En 1937, il est colonel à la tête du 507e régiment de chars à Metz, sous les ordres du général Giraud. Au début de la Deuxième Guerre mondiale, il est commandant par intérim des chars à l'état-major de la 5e Armée. Le 26 janvier 1940, il envoie à de nombreuses personnalités un mémorandum dénonçant le manque de préparation de la France à la guerre. En mai 1940, mettant ses théories militaires en application sur le terrain, le colonel de Gaulle réussit à refouler l'armée allemande à Montcornet, à Crécy-sur-Serre, au nord de Laon et du 27 au 30 mai, arrête les blindés allemands débouchant sur Abbeville. Le ler juin 1940, il est promu au grade de général de brigade, à titre temporaire, et le 5 il est nommé sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et à la Guerre. Il tente de rendre plus étroite la collaboration entre la France et la Grande-Bretagne, et cherche à convaincre les dirigeants de se préparer à continuer la lutte dans toute la France, puis en Afrique du Nord. Lorsqu'il apprend que le gouvernement français a quitté Paris pour Bordeaux, le 17 juin, il se trouve à Londres, et le 18 juin, sur les ondes de la BBC, en accord avec le gouvernement anglais il lance son appel :
La France a perdu une bataille !
Mais la France n'a pas perdu la guerre !
Des gouvernants de rencontre ont pu
Capituler, cédant à la panique, oubliant
L'honneur, livrant le pays à la servitude.
Cependant, rien n'est perdu !
Rien n'est perdu, parce que cette guerre est
Une guerre mondiale. Dans l'univers libre,
Des forces immenses n'ont pas encore donné.
Un jour, ces forces écraseront l'ennemi. Il faut
Que la France, ce jour-là, soit présente à la
Victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa
Grandeur. Tel est mon but, mon seul but !
Voilà pourquoi je convie tous les Français,
Où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans
L'action, dans le sacrifice et dans l'espérance.
Notre patrie est en péril de mort.
Luttons tous pour la sauver !
Vive la France !
Le 25 juin, il annonce son intention de former un gouvernement français en exil, qui deviendra la gouvernement provisoire de la République. Le 3 juin 1943, le Comité français de la libération nationale est créé par les généraux de Gaulle et Giraud et le 3 octobre, il en devient le seul président. Rentré en France après le débarquement des Alliés en Normandie, le général de Gaulle fait une entrée triomphale à Paris, le 26 août 1944, et devient chef du gouvernement provisoire. Le général de Gaulle aurait cautionné personnellement le licenciement de 40 000 officiers sous la pression des communistes. Devant l'impossibilité de coordonner les vues des divers partis et l'obstruction systématique des communistes, le général Charles de Gaulle démissionne, le 26 janvier 1946. Il va fonder le Rassemblement du peuple français, le 14 avril 1947 et lutter de toute son énergie contre ce qui menaçait l'indépendance nationale. Il entreprend alors la rédaction de ses Mémoires de guerre, de 1954 à 1959. Après le putsch militaire d'Alger, le 13 mai 1958, devant la menace d'une subversion militaire, le dernier président de la IVe République, René Coty, lui demande de prendre la tête du gouvernement. La nouvelle constitution était inspirée des grandes idées qu'il n'avait cessé de proclamer depuis son discours de Bayeux, en 1946: primauté du chef de l'État, limitation des pouvoirs de l'Assemblée.
Il soumet son projet de nouvelle Constitution au suffrage universel, le 21 septembre 1958, et il est approuvé par 80 % des Français. C'est le début de la Ve République. Le 8 janvier 1959, le général Charles de Gaulle est élu président de la République. Réélu, il restera à la tête de la France jusqu'au 27 avril 1969, date de sa démission, devant l'échec de ses projets de réforme du Sénat et sur la régionalisation de la France.
Durant sa présidence, il procéda avec ses ministres à l'assainissement financier grâce au franc lourd en 1960, entreprit la décolonisation, accéléra les processus d'indépendances nationales, constitua une force nucléaire de dissuasion. Partisan d'une Europe unie, il signa avec le chancelier Konrad Adenauer le traité franco-allemand, en 1963. En 1966, la France se retire de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), qui ne correspondait plus à l'évolution politique de l'Europe, tout en restant dans l'Alliance Atlantique. Il se retire dans sa demeure de Colombey-les-deux-Églises, où il entreprend la rédaction de ses Mémoires d'espoir, sans pouvoir aller plus loin que la première partie, car il meurt le 9 novembre 1970.